Exposition Renoir au Grand Palais

Le 18 novembre 2009, après une petite promenade le long des quais de la Seine, je suis allée découvrir avec un immense plaisir l'exposition Renoir au Grand Palais. J'ai toujours beaucoup aimé la peinture de Renoir, l'atmosphère tendre et joyeuse qui s'en dégage. Je me souviens encore avec émotion de ma première visite au Musée d'Orsay, où, découvrant l'original des toiles de Renoir, j'eus cette sensation d'entrer totalement dans l'univers peint, de voyager intemporellement, ressentant la chaleur que Renoir a su si bien exprimer pars ses petites tâches de lumière et d'ombre qui donne à son travail une ambiance si particulièrement douce. Renoir est pour moi le peintre qui a su, avec tant de délicatesse dépeindre la beauté éternelle des femmes et de la nature. Alors comment cette exposition aurait pu ne pas me toucher ?

L'exposition du Grand Palais est consacrée à la période allant de 1890 à 1919, un tournant de son œuvre, après sa grande aventure impressionniste, une remise en question de son travail, où il s'engage alors dans une période  ingresque avec une touche plus lisse où il concile lignes et couleurs.

Je découvre donc, dans les premières salles, une série de tableaux débutant par les deux immenses toiles « Danse à la ville » et « Danse à la campagne, que j'avais déjà tant admirées au Musée d'Orsay et ce parallélisme entre la vie bourgeoise et la vie rurale. Puis une séries de toiles de jeunes filles plus délicates les une que les autres : « jeune fille regardant un album », « Jeune fille lisant », « Jeune fille au piano »… ce dernier tableau fut le premier achat d'une toile de Renoir par l' Etat pour le Musée du Luxembourg ; il peignit cette même toile à plusieurs reprises dans un soucis de perfectionnisme et pour remettre celle qu'il considérerait la meilleure à l'Etat, mais sitôt qu'il eut décidé d'en remettre une plutôt qu'une autre, il se dit qu'il avait remis la moins bonne de toutes, car contrairement à l'ensemble de son œuvre, au paisible et au naturel de ses toiles, Renoir était un personnage inquiet et parfois agité.

La salle suivante est consacrée aux baigneuses « Baigneuses au cheveux longs », Baigneuse brune », La source, « Baigneuse assise dans un paysage », de 1895 et donc Picasso s'inspira en 1921 avec son « nu assis s'essuyant les pied et la « grande baigneuse » dont le parallèle est ainsi montré à nos yeux de spectateurs, en témoignage de l'influence et de l'admiration que Picasso vouait à l'œuvre le Renoir ; Renoir sacrifie déjà à la justesse anatomique au profit de courbes souples ; c'est cette libre invention d'un nouveau corps féminin qui marque Picasso ; Influence retrouvée un peu plus loin dans l'exposition devant ce portrait d'un « Pierrot Blanc » de Renoir et « L'arlequin au miroir » de Picasso. Pierrot et Arlequin, étant là dans ces toiles les doubles mélancoliques des deux artistes.

Une autre salle est consacrée aux photographies des différents ateliers, des maisons, des amis et de la famille de l'artiste, notamment de la maison des Collettes où Renoir s'éteindra en 1919. A partir de 1850, Renoir peint essentiellement en atelier, il n'a pas de modèle professionnel, préférant prendre ses modèles parmi ses proches, enfants, amis, voisins, bonnes et nourrices.

On découvre aussi dans une salle cette toile de 1906 « La Frivolité » qui est un parallèle avec « La Dentelière » de Vermeer, peintre que Renoir considérait comme le plus grand peintre du monde.

 

Puis une salle de portraits aristocratiques, portraits de commande ou d'amis du monde parisien de l'artiste ; Une autre salle est consacrée aux dernières œuvres de la vie de Renoir, alors que l'artiste était déjà très malade souffrant de crises de polyarthrites et de rhumatismes, l'obligeant à séjourner dans le midi de la France. Il y peint alors une série de paysages aux reflets aussi colorés que la lumière elle-même. On y admire aussi des danseuses « aux castagnettes » « au tambourin », des marchands de poissons ou des marchands d'oranges, de jeunes pages, et des bergers. Puis quelques sanguines admirables, d'autres toiles de baigneuses, de lavandières, des femmes, ces femmes que Renoir s'est appliqué à peindre et à magnifier toute sa vie durant.

L'exposition se finit sur cette toile immense, le chef d'œuvre de la Renoir, ses « Baigneuses » de 1919, l'année de sa mort. On y retrouve l'influence des grands peintres, les ruptures de perspectives de Veronez, trichant ainsi sur les points de fuites, les mélanges d'éléments intérieurs et extérieurs de Courber. Cette toile, qui respire la joie de vivre est le testament pictural de Renoir.          Pour réaliser cette toile de très grand format, malgré son handicap, Renoir avait imaginé un chevalet réglable et la des cylindres sur lesquels la toile était montée, permettant au peintre d'atteindre toutes les parties de la toile.

Malgré la souffrance physique, jamais aucune de ses toiles ne transmettra autre chose que la joie, et cette joie accompagne le visiteur tout au long de  cette exposition peuplée de baigneuses, de lavandières, de bergers, de sources dans une célébration idéalisée de la Nature.

Je retiendrai, pour finir cette phrase de Renoir, à méditer, sur sa persévérance : « Je ne crois pas, sauf rares cas de force majeure, être resté un seul  jour sans peindre »



17/02/2010
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