De bon matin
Interprétation magistrale de Jean-Pierre Darroussin dans ce rôle tristement d'actualité, qui démontre combien le profit et la rentabilité font marcher le monde, et combien il est devenu facile et courant de broyer de l'humain sans scrupule aucun. Au centre de ce long-métrage il y a un être humain, qui souffre justement de n’être plus traité comme tel : dans le monde du travail d’aujourd’hui, à l’heure de l’informatisation, automatisation et robotisation à outrance, l’être humain n’est lui-même plus qu’un rouage, une sorte de pièce mécanique, que l’on remplace une fois qu’elle est usée, sans état d’âme, parce c’est logique et indiscutable : toute pièce défectueuse d’un ensemble doit forcément être remplacée afin que l’ensemble puise continuer de fonctionner au mieux. Cette histoire, qui claque comme un coup de feu, est un violent réquisitoire contre un monde déshumanisé au sein duquel il devient difficile de trouver sa place : la crainte a remplacé l’envie et suscite docilité et hypocrisie. Le travail est le pilier central de nos existences et en tant que tel il est incontournable et irremplaçable, mais désormais ce pilier est surtout fait de solitude et d’exclusion Ce film décortique le processus de la lente descente aux enfers d'un cadre d'une grande entrepriseSans fioritures, d'une très grande sobriété, presque froidement, le fil se dénoue, entraînant avec lui le spectateur dans un certain malaise. Parce que c'est terrible, parce que ça arrive à d'autres, un jour peut-être à un proche, ou frémissement, à soi-même.
Un vrai film sociétal ...