Tout en haut du massif, une prairie nommée chaume
Quelques heures durant deviendra mon royaume
Dans les doux pâturages, loin des hommes, de leur faune
S'étendre au soleil et goûter l'herbe jaune.
Comme une fraîche haleine, une brise embaumée
Vient caresser ma peau de son souffle léger,
Des notes de senteurs poudrées, douces et ambrées
Parfument délicatement l'air d'un arôme sucré.
Dans le ciel azuré d"un camaïeu de bleus
S'effranchent et s'effilochent les nuages cotonneux
Ployant et déployant leurs voilures ouatées
Dessinant dans les cieux leurs formes veloutées.
Un oiseau plane au loin et avec lui s'envolent
Mes pensées; un instant, quitter la terre, le sol
Contempler de plus haut, les champs verts et féconds,
Les prés fleuris, les forêts et les monts.
Tourbillonner, pirouetter, virevolter,
De vallons en collines, de montagnes en vallées,
Se perdre et chavirer dans les voilures du vent
Et se fondre aérienne dans un souffle enivrant.
Doucement redescendre, revenir au présent
au silence tout juste troublé par le bourdonnement
D'un insecte se posant juste à côté de moi
en chantant son bonheur tout simple d'être là
Tout à l'heure j'entendrai montant de la vallée
De l'église tout en bas le carillon sonner
Le tintement lointain des cloches d'un troupeau
Quittant les pâturages pour rentrer au hameau.
Le soleil affaibli, dorera les vallons
Colorera le ciel d'un rouge vermillon
Avant de disparaître et de clore ce jour
me rappelant déjà qu'il est l'heure du retour.
C'est là dans la nature, là où s'oublie les heures
que je viendrai encore respirer les parfums de douceurs
Dans le calme touchant de la terre et des cieux
Où tout me semble soudain parfait et délicieux.
Ysabel
Parmi les sentiers, promeneur solitaire,
Je suis d'un pas rêveur les chemins effacés
Jonchés de feuilles jaunes et de rouges pourprés
Qui livrent la senteur du parfum de la terre,
Quel doux trésor de paix, de joie et d'innocence
Là, tout plait à mon âme et tout rit à mes yeux
Dans ce calme touchant de la terre et des cieux
Où tout dans la nature prend à ce moment sens,
Le brin d'herbe qui frissonne, s'abandonnant à l'air
Le duvet d'un chardon qui lentement s'envole
Sur un berceau de mousse, ultime verdure de sol
Et l'ambre qui ternit la dentelle des fougères,
Le bruit clair du ruisseau qui s'écoule et murmure
Au pied des bouleaux blancs au feuillage d'argent
Le tendre rossignol qui termine son chant
Comme un dernier adieu, la fin de l' aventure,
Et puis mes pas s'arrêtent et soudain à mes yeux
Une biche attentive, au lieu de se cacher,
Se suspend immobile avant de se sauver
Dans l'ombre des grands chênes qui règnent sur le lieu
Déjà le jour décline,le soleil pâlit
Et sa faible lumière perce à peine à mes pas,
Une feuille séchée virvolte devant moi
L'obscurité des bois ; bientôt sera la nuit.
ma première chanson
Est-ce parce qu’aux bas résilles, je préfère les socquettes
Et qu’aux talons aiguilles, j’ préfère les sandalettes
Que j’ai troqué les jupes par quelques salopettes
Que je mets des pilous à la place des nuisettes
Qu’un peu comme un vieux pote, tu m’racontes les filles
Que tu mets dans ton lit pour quelques fantaisies
Est-ce parce qu’à Chanel, j’préfère le patchouli
Et que tous mes bijoux ne sont que pacotille
Qu’ma silhouette n est pas franchement comme une brindille
Que J’troquerai pas d’échasses contre mes espadrilles
Qu’un peu comme un vieux pote tu m’racontes tes conquêtes
Comment en Roméo tu séduits les Juliette
Est-ce parce que j’n’ai pas /la blondeur des starlettes
Que j’ressemble davantage/ à Bridget qu’à Scarlett
Qu’il est vrai que je suis /un petit peu rondelette
Qu’avec des stylettos /je n’f’rai pas des claquettes
Qu’un peu comme un vieux pote, tu m’ventes tes petites amies
Et toutes les qualités qu’elles ont au fil des nuits.
Est-ce parce que je fais, p ‘t’être, moins pitié qu’envie
Et qu’une feuille de salade comble ‘pas mon appétit
Que j’fais tomber les cerises au fond des clafoutis
Et que j’porterai jamais , jamais d’tallons aiguilles
Qu’un peu comme un vieux pote, mes oreilles se prêtent
Au récit de tes frasques et de tes galipettes
Est-ce parce que tes yeux ne croisent pas mes lunettes
Que tu ne vois briller les milles et une paillettes
Quand mon regard s’arrête sur tes noires mirettes
Quand je voudrais te dire ce que j’garde en cachette
Qu’un peu comme un vieux pote, j’écoute tes envies
De séduire la prochaine qu’en détail tu décris.
Est-ce parce que depuis, il semble Bel lurette
La pantoufle de verre prit poudre d’escampette
Qu’ Il n’y a plus de princesse transformée d’une rainette
Plus personne ne croit à ces douces sornettes
Qu’un peu comme un vieux pote, j’attends avec dépit
Le jour où demoiselle deviendra ta lady
C’est parce qu’avec toi, j’voulais prendre perpette
Que tu sois la cerise, rouge, sur ma galette
Qu’un peu comme un vieux pote, je suis restée muette
Quand j’aurais tant voulu que tu me contes fleurettes
Que quand tu trouveras la chaussure à ton pied
Moi je m’effacerai, à jamais, à jamais…
On les chuchote, on les sussurent, on les murmure
Soupirs de mots frissons, souffle à l'oreille
Se faufilant en douce dans les éclaboussures
De mes pensées poussières comme un demi sommeil
Mots musqués
Mots masqués
Mots bleus
Mots d 'aveu
Mots roses
MOROSE
De messages en missives, ils s'ammoncellent
S'articulant autour de syllable confuses
Se disloquent, se dispersent, se morecellent
Se démembrent, et je vascille, seule et recluse
Mots nuit
Mots d'ennui
Mots jour
Mots sourds
Mots d'automne
MONOTONE
Mes pensées font embuche au détour de tes mots
Et se livrent querelles,blessés d'égratignures
S'entrechoquent, se heurtent et se brisent en duo
S'engouffrant dans ma gorge comme une déchirure
Mots amers
Mots mystères
Mots prières
Mots d'éphèmère
Mots faux bonds
MORIBOND
Tous mes mots encaissés, au timbre discordant
Ne répondent qu'à l'écho d'un balancier muet
Que le vent fait gémir et qui meurt au néant
Prisonnier d'un calice au silence débordant
Mots absents
Mots manquant
Mots secrets
Mots muets
Mots d'épilogue
MONOLOGUE
Les sentiments, si forts soient-ils quand ils sont tus
Finissent-ils, un jour de pluie, par n'être plus?
Et le soleil d'un automne qui les a vu naître
Peut-il pâlir assez pour les faire disparaître?
Que faire d'un amour, qui sans espoir aucun
Ne trouvera jamais un partage opportun?
Le tuer je ne peux, je ne suis pas son maître
C'est sans prévenir, qu'il prit mon coeur en traitre.
Il a planté sa graine, fleur sans nulle parfum
mauvaise herbe poussant sur la tombe d'un défunt.
Les sentiments, si forts soient-ils quand ils sont tus
Finissent-ils, un jour de pluie, par n'être plus?
Mon âme a ses secrets, ma vie a son mystère
Moi qui ne sait point dire et choisit de me taire
N'osant rien avouer et vivant solitaires
Les sentiments naissants qui resteront chimères
Passante, ainsi, discrète, je tairai tout aveu
Jouant à mes dépens ce bien pénible jeu
A ne demander rien pour recevoir si peu
Je resterai l'amie des doux moments perdus
Ne laissant rien paraître du trouble défendu
Et tous les mots aphones à jamais seront tus
Mon âme déguisée au fond de sa tanière
Se languit du silence qui me fait prisonnière
Le cœur en abstinence dont je suis geôlière
Se résigne à ne battre que dans l'imaginaire.