Edward Hopper au Grand Palais
Une excellente et riche exposition sur cette retrospoective du peintre américain Edward Hopper présentant 164 oeuvres dont 128 d’Edward Hopper au grand palais jusqu'au 28 janvier 2013.
Par son sens du cadrage et son goût pour les lumières crues, Edward Hopper a inspiré de nombreux réalisateurs de cinéma. Son oeuvre fait désormais partie de la culture populaire même si le nom de l'artiste et sa francophilie restent souvent ignorés du grand public.
L'exposition commence par la projection d’un film muet en noir et blanc datant de 1921 sur grand écran : « Manhatta de Charles Cheeler et Paul Strand » (un peintre et un photographe). Il faut prendre le temps de le regarder. C’est l’ambiance sombre de Manhattan en 1921, quelque chose de pathétique, la pauvreté côtoyant le richesse… Le noir et blanc et les vues plongeantes rappellent les gravures de Hopper. Hopper passionné de photo et de cinéma. On pourra voir ici également des photos d’Atget, entre autres.
Puis sont présentées une série d'illustrations, dessins de couvertures de magazines et de livres qui le firent vivre durant quelques années avant plusieurs voyages en France entre 1906 et 1910 l qui e rapprochèrent sans doute de l’impressionnisme.
De1915-1928, Edward Hopper se consacre à la gravure très influencé par ses voyages parisiens et utilisant les papiers les plus blancs et les encres les plus noires, le contraste était donc déjà bien là. Et il devint le Hopper qu’on connait. Je ne sais pas s’il y a vraiment un rapport de cause à effet comme le disent certains, toujours est-il que c’est à ce moment là qu’il trouve le « style Hopper », assez obsédé par l’architecture et comment elle prend place dans le monde, au détriment des gens, qui ont moins d’importance ...
un sens de la perspective assez rare !
Sur le plan technique, Hopper a démarré avec un mélange d’impressionnisme (dû sans doute à ses séjours en France) et de figuratif plus américain avant d’arriver à une technique faite de grands aplats et de couleurs pures et crues, pour laquelle il est connu, avec une géométrie omniprésente.
Edward Hopper a surtout peint la solitude mais surtout l'attente... L'attente une thématique qui revient avec une extraordianire fréquence dans l'oeuvre de Hopper... l'attente, un arrêt des activités quotidinnes , un temps donné à soi même , à l'imagination, à la reflexion.L'attente l'espérance d'une venue...
Edward Hopper présentait une personnalité solitaire, peu bavard, quelque peu austère mais aussi un regard ironique et lucide sur ses contemporains
Sa femme le décrit comme quelqu’un de dépressif, perpétuellement mélancolique et muré dans son silence… On ne peut pas dire qu’ils s’entendent bien, ils passent leur temps à s’entredéchirer. Mais ils restent ensemble. Elle est son sujet de prédilection, comme Monet avec ses nymphéas… Elle exige d’ailleurs qu’il ne peigne pas d’autre femme qu’elle ..
Dans cette toile, « Room in New York »., c'est toute la solitude du couple , la solitude à deux , le silence dans le couple qui est peinte... l’homme lit son journal, la femme lui tourne le dos jouant du piano avec un doigt, faute de mieux. On pourrait presque entendre les notes, égrenées de façon sinistre.
Les visages , dans les toiles d'Hopper, sont à peine ébauchés, ils n’ont pas d’importance, ça pourrait être n’importe qui.
Edward Hopper dit ceci: "Une intuition qu'un sujet constitue le meilleur pretexte à l'expression la plus complète de mon experience intérieure. Une grande partie de l'expression artisitique relève de l'inconscient, l'activité consciente n'est que secondaire"
Oh combien je suis en accord avec cette phrase...
Je finirai par cette toile qui m'a particulièrement touchée sans aucun autre commentaire que la regarder et se projeter dans l'image
La conclusion de cette remarquable exposition et qu’il faut absolument y aller !
Il y a en effet ici des toiles de Hopper provenant du monde entier, de musées et même de collections particulières qu’on n’aura plus guère l’occasion de revoir toutes réunies.
Quelques photos souvenirs...